Je suis née bretonne, bordée par la mer. 

J’ai grandi tahitienne, englobée par l’océan et bercée par l’eau douce découlant des vallées. 

Dans notre situation géopolitique actuelle, j’ai peur de la puissance de la mer et je suis inquiète pour la fragilité des sources d’eau douce. Avec ce projet, je veux rétablir à mon échelle, l’équilibre de ces deux entités, en pre-nant un peu dans l’une, qui grossit de jour en jour, pour soulager l’autre, qui s’amaigrit de jour en jour. Ce projet propose à l’utilisateur de prélever une quantité d’eau salée afin de la rendre potable à partir d’un prin-cipe chimique simple : la condensation. Ma volonté est qu’en une journée, une personne obtienne en moyenne deux litres d’eau, une quantité nécessaire aux bons fonctionnements du corps. 

L’énergie principale de l’idée est solaire, la chaleur de cette dernière permet la condensation de l’eau de mer, ce qui réduit par ailleurs les localisations possibles d’utilisation du produit. Mon parcours de vie m’engage naturellement à implanter mon projet, , en premier lieu, en Polynésie française, des terres qui parfois côtoient une extrême pauvreté sociale, mais cependant qui sont débordantes de ressources riches! 

Je pense que pour lutter contre l’effondrement environnemental, chaque territoire doit comprendre les atouts de son écosystème afin d’en retirer les bénéfices les plus appropriés au développement de tous.

Cette version du projet est artisanale. L’esthétique générale rappelle celle d’une carafe d’eau, cependant celle-ci offre la fonction de «désalinisateur». L’eau salée est versée dans le récipient (2) prévu à cet emploi. Une fois la sphère, en verre soufflé (1), emboîtée sur le pourtour de la carafe en céramique suivant une rainure présente, il suffit de refermer l’embouchure de la carafe (4), le dispositif devient alors hermétique et est prêt à être exposé au soleil. La sphère en verre va accentuer le phénomène de condensation qui transforme ainsi l’eau salée en vapeur d’eau. Cette dernière est compressée dans la carafe qui refroidira l’eau grâce aux propriétés isolantes de la terre qui rafraîchira cette partie de l’objet, une liquéfaction est possible, c’est-à-dire le pas-sage de l’état gazeux (la vapeur d’eau), à un état liquide (de l’eau). Le sel présent à l’origine sera quant à lui insensible à l’évaporation et restera dans le récipient initial. 

Ce produit pourrait dynamiser la pratique de la céramique et du soufflage de verre en Polynésie Française.

J’ai également pensé le projet avec une vision Low tech* à base de récupération d’éléments déjà produits et détournés de leurs fonctions initiales. Le dispositif se compose d’une bouteille en verre (1) coupée en deux à la moitié (2), d’un bol de diamètre inférieure à celui de la bouteille ainsi que de socles. La partie inférieure est percée huit fois, quatre tiges en bois (3) s’y glissent et deviennent le socle du récipient d’eau salée (4). Le tout est maintenu en « lévitation » par un trépied (5), sur le même principe que la carafe, l’eau douce s’écoule alors à travers le goulot et est récupérée dans un verre par exemple. Le faible diamètre de la bouteille cantonne la quantité d’eau potable pouvant être produite, néanmoins retourner la bouteille comme on retourne un système établit, ici celui de l’eau en distribution automatique et contenue dans du plastique, cela me semble être une belle illustration de mes envies concernant ce projet. 

*Le low-tech ou basse technologie est un ensemble de techniques simples, pratiques, économiques et populaires. Le concept s’oppose au high-tech.

 

Exquisses :

DataflowJeanneCollet