La musique bruitiste, ou noise musique (traduction anglaise) est un terme pour regrouper divers genres musicaux venus de différentes catégories musicales telles que : l’avant-garde, l’électroacoustique, la musique improvisée, le jazz ou free-jazz, la musique industrielle, le rock, le métal, le drone, la musique concrète, le sound art etc… Son esthétique se caractérise en opposition aux musiques conventionnelles pour s’intéresser à des notions comme la cacophonie, la tonalité, la dissonance, les bruits, l’improvisation, la répétition, l’arythmie et l’utilisation de bandes magnétiques. Elle se caractérise également par des questions sur le sens des sons, des bruits et leurs effets sur l’auditeur. La noise puise ses racines esthétiques et politiques directement issues des dadaïstes dans leur recherche de l’anti-esthétique, mais également des futuristes dans leur côté agressif et spontané. La noise à un côté primaire, voire brutale. Elle est le reflet de notre société : une société criante, bruyante, rapide et violente. Luigi Russolo l’a déjà relevé dans son manifeste futuriste « L’arte dei rumori » (L’art des bruits) paru le 3 mars 1913. Il y pose les bases du futurisme et induit entre autres que l’oreille humaine s’est familiarisée avec la vitesse, l’énergie et le bruit de l’environnement sonore urbain et industriel.

Les musiciens de tout temps, ont toujours tenu à placer dans leurs arts, des gestes affirmés de désaccord, de résistance ou d’utopie.

Pour ce projet « d’effondrement», je me suis inspiré du travail de Raphaël Cendo compositeur français (1975) et de sa conception de la « saturation instrumental », il explore l’excès et la sur- sursaturation du son.

La saturation pour donner un exemple, c’est lorsque que l’on approche un micro d’une trop grosse source sonore, par exemple un moteur d’avion. Le micro n’est donc pas capable d’enregistrer toute cette force, toute cette puissance sonique.

Désireux d’air peut-être plus frais et moins saturé, il continue ses recherches et définit un autre point dans sa recherche de saturation instrumental, mais peut-être un poil moins violent. C’est l’infra-saturation, dans laquelle on retrouve une saturation plus ralenti, plus étiré, lui permettant de respirer.

Dans son œuvre « Introduction aux ténèbres » un œuvre de 45 minutes qui est une sorte de résumé de ce concept de saturation instrumentale et d’infra-saturation.

Il est particulièrement curieux que cette pièce s’appuie sur l’apocalypse de Saint-Jean, texte à l’aspect prophétique.

« À cause de la désobéissance des hommes, Dieu infligera à ces derniers ce châtiment
sévère. Les six premières trompettes provoqueront un désastre écologique énorme. La planète ayant de plus en plus de mal à soutenir la vie, les hommes souffriront au point de vouloir mourir. »

Ce thème de l’apocalypse est très utilisé dans le monde musical, cinématographique et littéraire… On pourrait dire que l’effondrement travaille les humains depuis des millénaires… Et est toujours dans une forme d’actualité.

Ce morceau que j’ai créé fait écho à l’héritage bruitiste et à toutes les œuvres cité, de l’excès, de l’accumulation en passant par un certain sens de l’extinction, de l’apocalypse du son, ou de l’humanité…

Dans la conception du morceau, on retrouve plusieurs enregistrements de terrains (field- recording), oiseaux, enfants, concert d’improvisation, machines électroniques, piano, orage, pluie, machines, sons métalliques, travaux, l’impact humain.

Le son<Data Flow - effondrement - Rémi Daumesnil .pdf> se distord jusqu’à saturation… Et destruction totale. Tic-tac-tic-tac-boom-silence-radio

 


Dans la composition de ce morceau on retrouve plusieurs enregistrements sur le terrain (field-recording).

On y retrouve notamment au début la vie : oiseaux, enfants, concert d’improvisation machines électroniques et piano.

Progressivement, le son se transforme, s’intensifie : l’orage, la pluie, les machines, les sons métalliques, les travaux de la ville, l’impact humain.

Le son se distord jusqu’à saturation… Tic-tac-tic-tac, c’est l’effondrement, la bombe, l’explosion.