L’eau monte
D’abord discrète, elle prend de l’assurance et avance à grands pas
Les glaciers fondent, et c’est encore plus de gouttes d’eau qui se joignent à elle
Ce bout d’île a déjà perdu un pan de lui.elle
Iel sait que ce n’est que le début Iel sera progressivement rongé, peut-être jusqu’à sa disparition totale
L’eau lui arrive aux cailloux, elle détrempera bientôt sa terre
D’ici peu iel sera immergé.e à mi-hauteur
Et peut-être qu’un jour iel en aura par-dessus la tête
Peut-être que seules quelques-unes de ses mèches d’herbes se dresseront vers la surface avant d’être
Peut-être, éradiquées par les algues
Iel sait que ses heures sont comptées mais ne peut qu’être victime de son déclin
 
L’eau monte
Alors il faut gagner du terrain, de l’espace pour que tout ce monde d’eau coexiste
Et puis il fait de plus en plus chaud
Personne n’aime être entassé par ces températures
L’eau n’aura de cesse de s’étendre jusqu’à ce qu’elle se sente parfaitement à l’aise
Les algues le savent très bien
Cette nappe verte sécurise les terrains nouvellement conquis
Iel veille jour et nuit pour témoigner de la progression des eaux
Mais quand celles-ci se retirent, la terre murmure son histoire et ses maux
Il est trop tard pour stopper l’eau
Mais les surfaces englouties continueront de témoigner de leurs ères émergées
Et les algues protègeront ses récits
 
L’eau monte
Chacune de ces gouttes mérite d’avoir son espace
Il faut donc l’obtenir, par la force si besoin
Il faut aller en dérober aux autres éléments
A la terre par exemple, elle en a tellement de l’espace, elle
Alors plutôt que de se battre contre l’eau, un rocher préfère partir
Iel préfère aller sur une terre où iel ne se heurtera pas à la mer, où leur rencontre ne résultera pas en éclats et écumes de rage
Iel connait une terre qui n’est déjà pas très populaire auprès des humains, elle le sera encore moins dans les temps à venir
Iel pourrait être tranquille là-bas
Ce pourrait être un nouveau départ
Où iel se sentirai comme chez lui.elle