Mon travail a été instigué par mon stage, Il a été réalisé avec Pierrick Sorin. Dans le cadre d’une invitation du théâtre national de Maubeuge.

Il est important de souligner le lieu d’expositions : “ La galerie marchande d’Auchan Louvroil“. Dû a se lieux d’exposition insolite, j’ai pu questionner sur les modes de diffusion mis en place.
Il est intéressant pour l’artiste, de redéfinir les espaces d’exposition et aussi d’élargir son public. Mais dans quelles conditions ?
Car oui il est profitable à l’artiste et aux visiteurs mais pas que…

Le théâtre en plaçant une pièce artistique dans ce supermarché, avait pour but de diffuser au plus grand nombre, mais aussi de communiquer la nouvelle saison théâtrale aux habitants.
Quant au complexe commercial D’Auchan, qui n’a d’ailleurs fourni que l’espace sans autre contribution. Leurs objectifs premier n’était pas forcément d’avoir plus de client potentiel mais bien de maintenir ses clients plus longtemps dans cet espace. (Plus un client reste, plus il achète)

Il faut questionner les structures culturelles dominantes, mais se rabattre sur cet espace qui est un temple de la consommation, c’est reproduire un schéma de consommation d’image, Les supermarchés selon moi stimule déjà assez nos sens.

L’art ne devrait pas servir aux intérêts capitalistes, il doit plutôt essayer de s’en asservir.

Dans cette idée de reconstructions des système de dominations. J’ai pu lire l’ouvrage théorique de Geoffroy de Lagasnerie, L’art Impossible.
Il formule une critique de l’art dominant en définissant un art oppositionnel : qui s’opposerai par le fait de créer sans ignorer les problématiques systémiques qui sont culturelles, sociales, économiques. Pour produire des oeuvres éthiques par l’association de formes esthétiques déjà existantes et d’actions concrètes.

Nous avons passé une grande partie de notre temps dans cet espace, principalement de nuit. J’ai eu l’opportunité d’errer seul dans ces galeries inactives, à songer, à contempler.

Par cette présence vide, cette construction évoque un espaces infini, du toujours plus.
La nuit un espace en négatif, ces enseignes inanimées, les vitrines ne parle plus, elle ne nous appelle plus. Cette lieu pilier de la consommation vidé est dépourvu de ses rituels de ventes et d’achats.

L’architecte Rem Koolhaas, dans son texte Junkspace 2000(1), caractérise ces espaces par le terme Junkspace : « Junkspace est le fruit de la rencontre de l’escalator et de l’air conditionné, conçue dans un incubateur en placoplâtre. Junkspace est le double corps de l’espace »

L’architecture de ces grands espaces est organiser par rangées, allée, ligne, galerie.
Il ressemble à un décor infini où nos flux sont régis, afin de nous faire oublier qui nous sommes, où nous sommes. Dans ce genres de bâtiment tout est consommable même l’air que nous respirons.

Ces infrastructures s’installent sur des champs, fonds qui les approvisionne.
l’un est nécessaire à l’autre, cependant l’un épuise l’autre, le détruit, l’envahit.
Si le champs est la source élémentaire, le supermarché n’est lui que le dernier maillon d’un circuit bien trop long.

Après avoir passée autant de temps dans ces galeries, un parallèle m’est apparut.
Nombreux des produits que nous consommons proviennent des champs, mais nous allons les chercher à Auchan.

Lors de mon stage j’ai réaliser un long plan séquences en travelling dans un chariot, vidéo de 7min58. Cette vidéo est mon cheminement vers le champ.

Dans un second temps, j’ai recueilli le témoignage de mon grand-père(2), qui a grandit à la ferme dans les années 40. Il décrit l’organisation du quotidien, leurs rapport au champ et au travail et leurs mode de consommations. Ces deux projets opposent deux modes de vies, des rapports aux resources, aux espaces.

Vidéo, 7min58, galerie Auchan Louvroil, 2020.

1 Rem Koolhaas, Junkspace 2000 http://th3.fr/imagesThemes/docs/th3_villien_Rem_Koolhaas_Junkspace_texte.pdf