Sonia Marques est une artiste polyphonique. Que ce soit en étudiant (à l’école supérieure des arts appliquées Duperré de Paris, à l’école nationale supérieure des beaux-arts de Paris et à Emily Carr Institute de Vancouver au Canada), en enseignant dans une école régionale des beaux-arts (ESBA Angers) ou en co-fondant un collectif d’art en réseau (Téléférique), Sonia Marques colporte, traverse et s’investit en laissant ses marques (site Internet de ses cours, Etrangers) parce qu’elle connaît avant tout les situations de migration depuis sa naissance en périphérie (1973) et les résolutions individu /groupe. De ces déplacements, Seuqramainos, son site Web, une île sur Internet, est la meilleure topographie susceptible de rendre compte du paradoxe l’isolement dans un monde interconnecté, ou l’autonomie relative d’une artiste des hypermédias.

Lors de sa conférence à l’école supérieure des beaux-arts de Rennes en mars 2005, Sonia Marques partagera ses expériences collectives et individuelles et vous fera part de la création de son propre environnement «Seuqramainos», révélateur de sa recherche d’identité dans une forme d’habitation hypertextuelle sur Internet. Quelques écoutes sonores et filmiques off line seront aussi l’occasion d’immersions insulaires. Ses recherches pédagogiques et systémiques étant intimement liées à son travail artistique, elle ne manquera pas d’y faire écho dans cette autre école régionale des beaux-arts.
J’habite à cette adresse : http://www.kiwaida.nu/seuqramainos.html

Extrait :

 » Demeure  » est une de mes notes, diffusée sur Internet. Ce texte a été lu à haute voix, écrit spécialement pour cette conférence rennaise enneigée. Il parle de l’habitation physique, mon appartement, et de mon habitation virtuelle, sans séparer ces espaces, espaces-temps. La viabilité d’un espace physique est toute relative et peut parfois devenir une vraie fiction lorsque l’on est pris dans des contingences désincarnées (contrats, cautions solidaires, non-fonctionnement de l’électricité, du gaz…). Passer du temps, sur Internet, afin de faire vivre un espace, le construire, l’aménager, déménager ses données, faire transiter du on line au off line, tout imaginaire, peut parfois rendre viable l’espace virtuel, car le temps consacré à celui-ci, à se déplacer dedans, agrandi considérablement ses dimensions, surtout si l’on y invente sa propre topologie. La précarité dans laquelle, certains individus créent, maintient leur habitation réelle au strict minimum, pour ne pas dire, la réduit. La capacité des chercheurs, des artistes à inventer, fait qu’ils ouvrent leur imaginaire au-delà des contingences réelles, ils habitent ailleurs. C’est de cet ailleurs habitable, que ce texte introduit la conférence, c’est en tant que chercheure (de trésor) que j’entrouvre une fenêtre afin de donner l’accès au mode d’imagination (ou création d’images, symboles, métaphores), à la fabrication d’une œuvre. Nous passons ainsi derrière le voir, d’avant les colonisations, jusqu’à ne plus rien voir et imaginer. Je parle ainsi, de comment je demeure en une image, laquelle est une île émergeant d’un réseau.

Sonia Marques


Sonia Marques, artiste – Interview Magnetic Room par magnetic_room