L’oeuvre de Thomas Tudoux frappe par sa persévérance à cerner les nouvelles mythologies de notre époque. Par le dessin, la vidéo, l’installation ou le texte, l’artiste explore les mises en scènes de soi, passées par le prisme du travail, du dépassement sportif, de l’hyperactivité. Ses champs d’études sont multiples : il scrute le milieu scolaire, analyse les mutations de l’espace public et de nos agendas ou retravaille à sa manière notre Histoire.

Partout, il traque l’expression diffuse d’un culte de la performance, les injonctions permanentes lancées à l’Homme contemporain, sommé de se dépasser, enjoint chaque jour de conquérir davantage. De cet individu devenu coach de lui-même, Thomas Tudoux dresse un portrait amusé quoique critique, et en profite pour pointer les mécanismes politiques qui le façonnent ainsi.
Eva Prouteau, 2017

 

Graals, cire, formats variables, 2017
Citius – altius – fortius (des-accrochés du mur, ou suspendu à un poteau)
Les complexes de décubitus, Crayon sur papier, 8 dessins 85 x 60 cm, 2013
Disque votif, Polyuréthane usiné, 60 x 60 x 20 cm, 2013

Citius – altius – fortius
Quatre clous sont fichés dans le mur, et pourtant cette bannière défraîchie pend à semi-décrochée, comme un drapeau mis en berne. À mi-chemin entre la bâche de manifestation sportive et l’étendard politique, elle est ornée d’un blason ambigu qui agrège de nombreuses références (couronne de laurier, drapeau à damier, chronomètre et devise Olympique). Lourde de toutes ces strates d’histoire sportive et politique, cette bâche plastique semble accuser de sérieux signes de vieillissement. Trop usés, les symboles, ou au contraire sourdement vivaces ?

Les complexes de décubitus (études)
Empruntant au milieu médicale ses recherches sur les complications de  écubitus – qui désignent l’ensemble des problèmes physiques liées à un alitement prolongé – j’étudie à mon tour les complexes de décubitus : ensemble de représentations et de souvenirs contradictoires et généralement inconscients qui conditionnent nos comportements vis-à-vis du repos.
Cette série de huit dessins porte sur la chambre, le lit et le dormeur qui l’habite. Les études de ce lieu nocturne, modélisé sous différents angles, nous en dévoile les tensions. ’agitation de son habitant semble évoquer notre époque où l’idéal est une vie sans pause, active à toute heure du jour et de la nuit.

Le disque votif
À mi-chemin entre un vestige archéologique et une roue de voiture, cet objet emprunte pêle-mêle à l’alphabet des runes, à la Pierre de Rosette et au disque de Phaistos. À ces références, se voient greffés une réalité très étrangère : les plans synthétiques des circuits de Formule 1, classés par ordre de pays et par ordre de continent.
Le disque votif témoigne ainsi d’un jeu de télescopage entre l’extrême vitesse de la course automobile et la longévité du vestige, entre les énigmes du passé et l’archéologie du futur.

http://thomastudoux.fr

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