Oxydotypes

 

La destruction par le temps et les éléments transforme les espaces pour leur donner une certaine cohérence visuelle. L’esthétique de la décrépitude possède ses thèmes récurrents : le gravât, la végétation envahissante, le métal rouillé, jusqu’à se déchirer ; lorsque la vie humaine quitte une de ces constructions, elles finissent toutes par se ressembler, du palais à la décharge.

Inspiré par les ombres d’Hiroshima et l’utilisation systématique de métaux pour fixer la lumière, j’ai entrepris une série d’expériences visant la création d’un nouveau procédé photographique, « l’oxydotype ». Via cette technique, la rouille est utilisée comme un pigment permettant de fixer une image en constante évolution au fur et à mesure de l’autodestruction du métal. Apposée à même les barils, carrosseries, poutres ou conserves, les photographies d’archives énigmatiques deviennent autant de témoins de la présence humaine passée ; elles transforment ce qui est oublié en mémorial et objet d’art exposé hors du white cube, dans la décrépitude et l’oubli de qui les a créées.