2017, 9 plans de prison gravés sur plaque de zinc, 30 x 30 cm

«Le sens propre de «motif», n’est-ce pas: ce qui met en marche, ce qui meut et émeut ?» 1

Dans un contexte artistique, le motif désigne le sujet d’un dessin, et le sujet de mes dessins est le motif. Il s’agit alors d’une structure visuelle expressive ou décorative, qui se répète généralement avec une forme bien définie, sur un support quelconque. Cette forme esthétique peut tout à fait avoir une valeur signifiante. Sans oublier, le motif comme élément d’ordre mental qui incite à agir ou, selon le cas, à réagir. Le motif, est donc à rapprocher de l’intention, de la raison de faire quelque chose.

Ici, les motifs présentés découlent de plans d’architecture carcérale datant du XIXème siècle. J’ai récupéré ces plans numériquement, les ai simplifié à l’aide d’outils informatiques, puis gravés sur plaques de zinc, en mêlant des techniques comme la découpe laser et la gravure à l’acide.

J’ai commencé à m’intéresser à ces architectures pour leur esthétique formelle, qui me semblait être en contraste avec le sujet même, comme un paradoxe manichéen entre le fond et la forme. Puis je me suis imaginée vivre un long moment à l’intérieur de ces formes. A partir de là, c’est un rapport entre le corps, et l’espace si particulier de la prison que je viens de mettre en avant. Si l’esprit est contraint à vivre dans ces bâtiments, il en est de même pour le corps. Et c’est bien l’extrême contrainte qui a fait naître des espaces construits aussi géométriques, symétriques, réguliers et rationnels. Dans ce sens, on comprend pourquoi l’architecture carcérale a du mal à se renouveler, depuis le XIXème siècle, période de la majorité de ces constructions.

1 René Huyghe, Dialogue avec le visible, Flammarion, 1955, p72.